Ventes live - Lot 642

[Correspondance]

SIMON, Armand

+/- 207 lettres aut. s. à Luc Canon, "La Ferme Picarde 7882 La Hamaide".

Colfontaine, 1977-1981


Prix de marteau: € 700

€ 800 / 1.000

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Description du lot

Généralement 2 pp. sur 1 f. in-4°, pour la plupart méticuleusement datées, envel. cons.

Sensible, substantielle et volumineuse correspondance, débutant le 28/5/1977 ("Cher Monsieur Canon") pour se terminer le 16/5/1981 ("Mon cher ami Luc"), quelques jours avant la mort de l'artiste décédé le 15/6/1981. Dans une répartition de +/- 31 pcs en 1977, 40 en 1978, 63 en 1979, 46 en 1980 et 27 en 1981, soit en moyenne 1 lettre par semaine mais parfois plus, le "solitaire de Pâturages" (1906-1981) se livrant à l'écriture avec passion et ayant trouvé en Luc Canon un interlocuteur privilégié. Au fil des mois et des années, parfois de manière un peu répétitive mais toujours avec style, il évoque avec nostalgie le passé et son enfance, son attachement au Borinage, son irrésistible vocation pour le dessin, ses lectures abondantes et variées, sa bibliothèque choyée, les expositions auxquelles il prend part, la vente de ses dessins, des connaissances communes (dont Roger Foulon qui écrira des poèmes sur ses dessins et Scutenaire), sa vie quotidienne et son environnement, sa santé qui se dégrade, son admiration pour les peintures de Françoise Gérard, la compagne de L. Canon... Il est également question d'achats de dessins par Canon ou par des mécènes que Canon lui présente, d'un mémoire universitaire sur ses dessins dont il sera peu satisfait, de ses rapports avec les galeries, les critiques, etc. Dès la première lettre, il mentionne "À toutes fins utiles", souvenirs de son quartier natal (cf. n. précédent) et avoue n'avoir jamais voyagé, contrairement à son correspondant : "[...] je me suis senti absolument satisfait de vivre au Borinage". Dans un texte s.d. de 6 pp., il évoque le Borinage "terre de misère" tel qu'il l'a connu dans son enfance. En 1978, il est question d'une exposition à Knokke avec J. Graverol et Delporte dont il sortira plutôt frustré, avec le sentiment d'avoir été occulté au profit de Delporte. D'autres expos sont également brièvement mentionnées, au Rotary Club, à Wasmes, Forest, Trazegnies, Woluwe-St-Lambert, au Palais des Beaux-Arts à Bruxelles, à Namur; la rétrospective au Grand Hornu (9 mai-5 juillet 1981) est souvent évoquée dans les dernières lettres de 1981. En 1980 et 1981, nombreuses allusions à son état de santé, à des examens à l'hôpital, visites de médecins, médicaments, etc.
Quelques citations :
"Je possédais une idée très nette de ce que j'allais faire quand j'ai commencé à dessiner. Il est très certain que je ne pensais pas "Surréalisme" et d'ailleurs mes amis et moi à l'époque ignorions que ce vocable put exister". Quant à lui, il s'est éloigné du surréalisme, "m'aventurant plutôt vers un merveilleux néo-classique. Ceci qui peut être dû à une perte de vitesse ou à une virtuosité relayant l'inspiration - ce qui ne serait pas à mon honneur" (29/6/1977).
"D'un autre côté, je n'aime pas du tout que le Surréalisme devienne quelque chose qui prête à rire; mon grand souci a été de ne jamais choir dans la caricature, j'aurais éprouvé un sentiment de tristesse si l'on avait ri de mes dessins" (12/7/1977).
"J'ai été extrêmement lié avec Christian Dotremont. Avec sa femme Ai-Li il a passé 4 ou 5 jours chez moi [...] Nous avons vécu une semaine ensemble à Paris". Les 2 hommes se brouillèrent ensuite pour une histoire de livre emprunté par Dotremont (26/1/1978). Il évoquera Dotremont à plusieurs reprises dans d'autres lettres.
"Si j'avais eu de l'Art la connaissance que je possède en littérature, je crois que je n'aurais jamais dessiné. Mes dessins auront été l'effet du hasard [...] et j'ai eu la grande chance de les penser à un moment opportun, à un moment qui s'est étiré de manière à rejoindre un certain présent" (13/5/1978).
Admirant les dessins de son correspondant : "Je connais la difficulté d'un dessin au trait; d'où ma totale admiration pour Aubrey Beardsley [...] d'où mon enthousiasme pour Picasso dessinateur" (9/5/1978).
"Je me suis souvent baladé vaille que vaille, de roc en roc sur les bords de l'Enfer. J'aime aussi le Paradis [...] on y trouverait des restaurants dans le genre "Bâli" [?] à la côte, de belles filles comme Lolobrigida, de beaux livres [...] Je voudrais aussi beaucoup de fleurs, dans la magnificence desquelles on se pourrait promener. Quant aux bijoux, ils ressembleraient à des collants intégralement incrustés de gemmes" (20/6/1978).
"Dans le paquet d'images que j'offre aux amateurs - et qui résultent déjà d'un choix personnel - il en est qui me plaisent particulièrement et je n'ai plus qu'à m'étonner qu'ils passent inaperçus [...] Or j'en suis arrivé, du moins je le crois, à un surréalisme de + en + discret, de + en + sobre" (30/8/1978).
À propos d'un livre illustré de photos par Brassaï de bordels des années '30 et sur la puissance de son imagination : " [...] je n'ai jamais pénétré dans ces maisons d'illusions [...] Dans mon imagination à quoi s'ajoutent des notions livresques, le clac s'avérait comme une sorte de théâtre dont les clients étaient également les acteurs [...] mes bordels sont aristocrates et fréquentés par des gens particulièrement bien élevés" (31/10/1978).
"Mon existence continue à s'écouler comme un torrent pacifique. Je dessine avec ferveur, j'écris tout ce qui me passe par la tête" (21/11/1978).
"Je fus durant 49 ans l'ami de Chavée et l'amitié que je vous porte à vous et à Françoise est plus généreuse et plus cordiale que celle que j'ai jamais éprouvée à l'égard du Poète de la Louvière. J'ai été l'ami intime de Fernand Demoustier, alias Fernand Dumont de 1922 à 1945" (28/2/1979). Il évoque à plusieurs reprises Fernand Dumont.
"Je continue à dessiner avec la mentalité que je possédais il y a 50 ans. C'est un passe-temps, une machine agréable à tuer le temps. Si je pouvais vendre chez moi, car j'ai besoin de faire un peu d'argent pour vivre ma petite vie, je n'exposerais jamais (26/3/1979).
"À la Boétie en 45-46 [...] j'avais 40 dessins à côté de Labisse et de Magritte. L'un et l'autre offraient de grandes toiles à 4000 frs mais personne n'a rien vendu. Un four" (14/3/79).
"Il n'existe aucun dessin A.S. de 1947 à 1950. 1947 est la date de mon divorce. J'ai durant 3 années fréquenté les "débits de boisson". C'est la zone obscure de mon existence [...]" (27/4/1979).
"J'ai toujours beaucoup écrit [...] Lorsque j'écris, je parle à quelqu'un qui veut bien m'écouter. J'ai besoin de faire partager mes rancoeurs ou mes enthousiasmes" (18/9/1979).
"Sans vanité j'ai joué à Mons un rôle plutôt prépondérant en ce qui concernait nos groupes [...] contrairement à Demoustier, j'étais partisan de l'extension de notre mouvement" (29/1/1980).
"[mon enfance]. Elle a été en effet et sans contredit la source de ma quête incessante du merveilleux [...]". Évoquant ensuite ses premières lectures : "Je fus un enfant sage pourvu qu'on l'installât devant une chaise garnie d'un monceau de revues illustrées" (15/12/1980).
"Je me rends compte qu'après tant d'années je suis tout de même parvenu à me savoir bien exprimer. Après avoir tant fait virevolter ma plume je crois avoir vaincu tous les tracs. Je suis devenu le maître des feuilles de papier blanc" (2/3/1981).
Lectures, diversement appréciées : Elskamp, Maeterlinck, Faulkner, Thiry, Bove, tous les livres de la collection "L'Imaginaire" de Gallimard, les souvenirs d'André Salmon, Jarry, Butor, Valéry, Maupassant, Tzara "un immense poète [...] Il y a 25 ans je me serais attelé à l'illustration du Poète, j'aurais tâché de pénétrer dans ses abîmes incandescents", Lautréamont découvert en 1923 "Sans cet achat, je n'aurais sans doute pas dessiné - ou j'eus dessiné autrement". Avec aussi de nombreuses allusions à ses achats de livres chez des bouquinistes et à ses goûts bibliophiliques. La presque totalité de sa bibliothèque a été léguée à l'asbl "Les Amis de la Bibliothèque de Mons" et plus de 9000 volumes déposés dans les collections de la Bibliothèque centrale de l'UMH; la partie des livres anciens a été répertoriée en 2001 par J.-A. Vandeputte.

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