Plus de 100 lettres aut. ou dactyl. s. et cartes postales à Luc Canon. Ensemble à classer, chronologie à établir.

Formats divers, non datées, nombr. envel. cons. avec cachets postaux, parfois peu lisible, adresses diverses.

Jean-Michel Palmier (1944-1998) était un philosophe et historien de l'art français, essayiste, spécialiste des courants artistiques de la république de Weimar, chargé du cours d'agrégation d'esthétique à l'Université de Paris I; il était aussi critique et journaliste ("Le Monde des livres", "Le Magazine littéraire" et "Le Monde diplomatique"). Il est notamment l'auteur d'une étude abondamment illustrée titrée "Canon. Fabulous drawings" (The magic of phantasms, desires and dreams)". USA, Laney Editor, 1982.
Importante correspondance amicale et d'une grande bienveillance débutant fin 1969 et se terminant avec la mort de Palmier (faire-part de décès). Entre-temps, les deux hommes auront développé une véritable amitié, avec visites réciproques en Belgique ou en France, petits cadeaux, envoi de cartes postales illustrées lors des nombreux voyages de Palmier. Au fil de la correspondance : nouvelles de sa santé, de son moral fluctuant, de ses ruptures, de ses compagnes successives, notamment Françoise Gérard, détails sur les cours qu'il assume à divers endroits, les livres et les articles qui lui demandent beaucoup de travail ("J'ai l'impression d'être devenu un stakhanoviste de l'enseignement et de la machine à écrire"), sur des rencontres (dont Ernst Jünger avec qui il parle de Heidegger et du piégeage des insectes, une passion commune... ou le Dr Ferdière), son travail sur Marcuse et la nouvelle gauche. Il fournit des articles et comptes rendus de livres pour la revue "Techniques nouvelles", il envoie des ébauches de textes pour la monographie de 1982, travaille à sa thèse sur l'émigration antinazie, revient à plusieurs reprises sur sa passion pour le jardinage et l'agriculture, sur sa maison de campagne, l'informe de ses voyages en Yougoslavie, en Grèce, en Espagne, au Maroc, en République dominicaine, aux USA...
Après leur première rencontre à Bruxelles, il est visiblement subjugué par la personnalité de Canon "qui dessine ces dessins si étranges, merveilleux, horribles, émouvants [...] vos dessins font mal [...] Il faut que cette rencontre soit le premier pas d'un dialogue qui ne s'interrompra qu'avec notre mort à tous les deux" (20/5/1970). Intrigué par le talent de Canon "qui se soucie de ses dessins comme un pommier de ses feuilles en hiver", il l'encourage à dessiner. Début 80, le projet de monographie commence à prendre corps et il lui demande des textes sur Van Gogh, Munch, la femme, la sexualité, l'expressionnisme... Néanmoins, cela entraînera entre les deux hommes des incompréhensions, des mauvaises interprétations, des accusations mutuelles de manque de confiance, voire des silences passagers ou de sévères mises au point ! Leur amitié persistera néanmoins jusqu'à la mort de Palmier.
Selon Palmier, Luc Canon aurait produit environ 20.000 oeuvres dont une grande partie détruites, soit durant la Seconde Guerre mondiale, soit par l'artiste lui-même. Il semble que ses dessins se trouvent principalement dans des collections américaines ou canadiennes.