Ventes live - Lot 283
Ventes live - Lot 283
[Autographes]
"Paul Éluard".
Prix de marteau: €
320
€ 400 / 500
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Description du lot
4 pp. in-4°.
Chronique écrite par Marcel Lecomte, à l’occasion de la visite de Paul Éluard à Bruxelles, venu, par sa présence, saluer le lancement du supplément belge des "Lettres Françaises", dirigé, à l’époque, par Fernand Lefebvre, responsable du Parti Communuiste de Belgique, et par Franz Hellens, sympathisant de fraîche date. Dans ce texte, destiné au "Journal des Poètes" (n° 6, juillet 1949), Marcel Lecomte esquisse, à partir d’éléments biographiques (la guerre '14-18, la participation à Dada, le ralliement au surréalisme, l’adhésion au communisme qualifié de "stalinien") une analyse des conceptions littéraires du poète de "Capitale de la douleur", de sa thématique et de son style qu’il "pur". Il le fait à la manière parfois passablement alambiquée qui est la sienne. Et en prenant comme élément d’explication des références dont la pertinence peut s’avérer douteuse. Ainsi par exemple, "l’arcane XIII des tarots" invoquée pour l’Éluard de l’après-guerre ! Cela dit - et c'est ce qui fait l'intérêt de ce document manuscrit -, le style si caractéristique de Lecomte transparaît en filigrane dans certaines phrases. "Le poète recherche la sensation d’un univers où l’amour réobtient l’instant [...]", "les images de ces [sic] poèmes n’ont pas d’autre origine que le monde usuel", "[...] à la façon d’un homme ayant trouvé le secret de simplicité, ayant trouvé l'attitude mentale de la simplicité [...]", "[...] Dans des sortes de coquillages abandonnés murmure, lointaine, la chanson de l’amour et de la poésie [...]", "[...] Cette réalité, elle a comme une "réflexion" initiatique des éléments les plus purs de notre monde [...]", "[...] cet homme occupé d’une transmutation de l’Univers [...]". Mais le passage le plus singulier de ce texte concerne l’appartenance d’Éluard au "communisme stalinien". "L'on a pu s’étonner de l’orientation de plus en plus précise que s’est donnée Éluard sur le plan politique : son adhésion au communisme stalinien. Mais il faut ici s’entendre. [...] Il s’est formé en lui un rêve politico-social d’harmonisation de l’Univers, de réintégration de l’homme à lui-même, au social et au monde. Éluard a lié ce rêve à la structure soviétique, à cette civilisation si particulière, si originale, dont la dialectique de développement nous échappe [...]". Comme on le voit, Marcel Lecomte, que l’on devine a priori assez réfractaire au réalisme socialiste et à la poésie militante, s’emploie cependant à expliquer et même presque à légitimer moralement l’engagement communiste "stalinien" d’Éluard. Dans son texte manuscrit, Marcel Lecomte, sans doute par égard pour Paul Éluard et ses convictions politiques, a supprimé une phrase barrée d'un long trait horizontal mais toujours lisible : "D'une certaine manière, son adhésion au communisme stalinien est apparue comme un renoncement à la méditation". Par contre, sans doute toujours avec le même souci de ménager Éluard, Marcel Lecomte a cru utile d'ajouter à la fin du 1er paragraphe juste après "ces trente dernières années" : "où est le fait est alors remplacé par une puissante rêverie politico-sociale". Certes cette formulation répond probablement aux meilleures intentions. Il est à craindre cependant que l'auteur des "Poèmes politiques" (1948) n'ait que moyennement apprécié cette assimilation du "communisme stalinien" à une "rêverie politico-sociale". Quelques autres corrections, suppressions ou changements de mots sont apportés ici ou là dans le texte mais ces modifications s'avèrent mineures. Seule étonnante exception : la phrase manuscrite : "Elle est possession énigmatique même menacée devient dans le texte imprimé : "Elle n'est que possession énigmatique, même en joie". (Pour plus de précisions à ce sujet, voir Philippe Dewolf (éd.), "Marcel Lecomte, les voies de la littérature", Brux., Labor, 1992).