L'Or et le silence.

Acrylique sur carton, technique mixte, 25,8 x 34,0 cm, signée dans le coin sup. g., datée, titrée et signée au dos.

Sous cadre.

De formation scientifique au départ (mathématiques et biologie à La Sorbonne), Maurice Rapin (1927-2000) enseigne les sciences naturelles dans un lycée avant de devenir peintre, poète et théoricien hétérodoxe. Il découvre l'oeuvre de Magritte et se montre intéressé par les activités du groupe bruxellois. Au début des années '50, il adhère au mouvement gravitant autour d'André Breton. En 1957, Rapin et sa femme Mirabelle Dors fondent la "Tendance Populaire Surréaliste". À partir de ce moment, le couple Rapin diffuse nombre de tracts et de plaquettes se référant à Magritte. Rapin collabore également à des publications telles que "La carte d'après nature", "Rhétorique", "Temps Mêlés", etc. Dans ses peintures et ses collages, il s'inspire d'une imagerie et d'un imaginaire qu'on peut effectivement qualifier de "populaires". Le titre de ce collage renvoie, comme le laisse supposer une mention figurant au dos du tableau et biffée d'un trait par le peintre, au proverbe : "La parole est d'or mais le silence est d'argent" (autrement dit, il vaut mieux se taire que parler...). Deux personnages se font face. Leur corps, à chacun d'eux, est contenu dans une potiche d'où sort leur tête coiffée d'un haut chapeau. L'un semble parler abondamment et projeter, par la bouche, une profusion de postillons et de bulles qui deviennent de curieuses formes larvaires ou phalliques. L'autre garde la bouche fermée, c'est-à-dire, le silence. Le giclement buccal de ce bavard intarissable matérialise-t-il des paroles inconsidérées ou indécentes ? Un troisième personnage toujours affublé d'un grand chapeau et couché sur le dos, jambes repliées, assiste passivement à cette scène ahurissante. Enfin, une jeune femme, couchée sur le côté, les fesses dénudées, portant des bas et des hauts-talons vernis, surplombe l'ensemble, apparemment étrangère à ce qui se passe sous ses yeux. Cette peinture visionnaire n'est pas sans évoquer un Jérôme Bosch revisité par le surréalisme.
Prov. Christian Bussy (dédicace au dos).