4 longues lettres, in-4° sur papier brun ou blanc, dont 2 illustrées.

Dans une prose emphatique, colorée et ironique, Lennep (° 1941), un des représentants de l'art contemporain et de "l'art relationnel", spécialiste de l'alchimie et de la sculpture du XIXe s., se livre sur son travail et l'art en général.
6-8-69 , 5 pp., avec ill. : il disserte sur l'art du peintre symboliste Jean Delville, exposé à Turin, dans lequel il voit un pré-surréaliste. "Le Sâr Mérodak Joséphin ["le premier Hippie"] avait compris que cet art en ouvrant les portes du rêve, comblait une aspiration de l'être", tout comme l'art contemporain, qui se libère : "Je ne découvre qu'une seule certitude : ma propre contestation. Au point que j'avais envie de m'aligner [...] sur l'hyper-avant-garde". Si son envie de tracer "des signes avec l'orteil dans le désert du Nevada" l'aurait satisfait, "ce genre de rite détruit les gens de musée", comme un conservateur bernois en a fait les frais. Pourtant, "rien n'égala en fait la délectation qu'éprouvèrent les visiteurs de l'exposition surréaliste chez Maeght en 1947, lorsqu'ils palpaient le sein en caoutchouc mousse plaqué sur le catalogue". Il qualifie cette nouvelle approche de l'art de "psychédélique" (écrit en capitales et en couleurs) et "Celui qui n'a pas compris ne verrait pas un mammouth descendant en parachute vers la place royale [sic]". Sa drogue à lui fut l'alchimie (id.).-- 13-8-69, 2 pp. : "[...] durant quinze mois, j'ai été un intellectuel qui faisait de la peinture - mais une impulsion baroque m'a fort heureusement empêcher [sic] de m'ankyloser [...]. La pellicule qui cache le barbare est bien mince et elle commence à craquer [...]".-- 25-10-71, 3 pp. : importante lettre sur l'évolution de son travail, la persévérance dont il a dû faire preuve, son intégrité, etc. Il cherche à "hausser le geste artistique au niveau des réalisations scientifiques contemporaines. Je suis violemment opposé à cet art pauvre qui résulte avant tout d'une attitude de panique des artistes qui se sentent inefficaces et impuissants face aux performances techniques de leur époque. C'est en tout cas celle-ci qui supporte mon inspiration et sur laquelle je compte pour remythifier [ce mot en lettres capitales] la vocation de l'oeuvre d'art [...]. Il s'agit d'accomplir en tant qu'artisan ingénieux une démarche sociale - en trouvant sur quelle onde on peut exactement se transmettre la communication avec la société en général[...]. Je crois aux cathédrales, à l'art baroque des jésuites et aux timbres postes [...]".-- 20-1-72, 2 pp. : entre autres propos, il lui demande d'accepter une de ses sérigraphies, ""L'Art", désigné sous la forme d'un téléphone qui parle de lui-même" mais il en est un peu gêné, "vu la haute qualité de votre collection et le fait que vous n'avez pas de cave pour y enfouir les néophytes".