Brouillon aut. de 2 lettres, recto en français, non signé, verso en néerlandais, signé "H.E. Wouters".

Sur 1 f., vergé 43 x 34 cm (petites fentes aux plis).

Brouillon rédigé aux Pays-Bas. Réserviste, interné dans un camp militaire au début de la 1ère guerre mondiale, il s'établit en 1915 à Amsterdam où il mourut en 1916 des suites de sa maladie. Recto, à l'encre, à de "très chers amis" non identifiés : longue et émouvante description par le jeune artiste atteint d'un cancer de la face d'une opération chirurgicale à la bouche. Il détaille son calvaire : "j'étais conscient du danger [...] je me suis donné calmement dans les mains de mon chirurgien que je savais d'un grand talent [...] pourvu que la maladie soit clémente [...] j'ignore toujours le caractère de celle-ci peu importe [...] on fait l'impossible pour me guérir [...] mon réveil n'était pas pénible, le chloroforme ne m'a pas détraqué l'estomac [...] les gens venaient me voir ayant peur de m'entendre gémir, et je rigolais mais par manière de parler car cela a dû être un rictus terrible à voir, je ne sais pas encore rire maintenant [...] le point douloureux l'enlèvement de l'énorme tampon de gaze qui était à la place de [l'oreille ?] me fait tellement mal, j'ai hurlé et faibli [...] sans le tampon je ne sais pas du tout parler, c'est comme un chien qui aboie [...] les dents restent à jamais [serrées ?] je dois introduire le manger par la place des dents [...] avant trois ou quatre mois ils ne pensent pas se décider de me laisser partir [...] patience et espoir" [orthographe rétablie]. Verso, au crayon, à "Hooggeachte Heer Bestuurder [...] Onderteekende H.E. Wouters Belgisch militair geinterneerd in het dépot van [?] met verlof wegens gezondheid's redenen, en woonachtig 3de [??] Amsterdam [...]". Vu sa condition d'artiste peintre "niet gefortuneerd" et malade, assisté par des amis hollandais, il demande à être dispensé des impôts sur le revenu.